Posté le 13 septembre 2015 - par Seydi Diamil
De Saint-Louis à Ndiarné : un voyage de dignité et la valorisation de l’éthique de l’action par Elhadji Malick Sy/ Seydi Diamil Niane
L’éthique individuelle est une arme fatale contre la paresse et le fanatisme. Elle impose un travail et une auto-détermination. Or, force est de constater que la paresse est un fléau qui ne cesse d’envahir une bonne partie de la jeunesse de notre pays. On ne cherche plus à vivre dignement, on compte toujours sur l’autre ; et lorsque ce dernier appelle à une détermination, on le taxe d’égoïsme. L’éthique c’est de vivre avec dignité sans compter sur autre que le Très-Haut. Elhadji Malick Sy en fut l’exemple et la manifestation la plus parfaite. Voilà ce qu’Elhadji Mâmoune Ndiaye, petit neveu de Mor-Massamba-Diéry Dieng, raconta à Elhadji Ravane Mbaye :
Elhadji Malick demanda un jour à ma mère Anta Dieng alors qu’ils se trouvaient tous deux à Tivaoune : « Sokhna Anta, sais-tu pourquoi je suis allé à Ndiarné ? » Ma mère ayant répondu par la négative, il poursuivit : « J’étais allé une fois chez un boutiquer de Saint-Louis pour chercher des bougis à crédit. Le boutiquer, après avoir accepté, refusa. Arrivé à la maison, je me mis à raconter l’affaire aux autres. Or, Bâye Mor-Massamba-Diéry, informé, je ne savais comment, remit un franc à un disciple qui alla acheter le paquet de bougies pour moi ».
« Pendant la nuit, je me mis à réfléchir sur ma situation sociale et aboutis à la conclusion suivante : « Bâye Massamba-Diéry m’héberge avec ma femme et se fait l’obligation de payer mes dettes. Je dois le quitter pour essayer de gagner ma vie avec le travail de la terre. Voilà, conclut-il, le pourquoi de mon installation à Ndiarné.[1] »
Quelle élégance ! L’homme est beau quand il est animé par une conscience de dignité. La dignité est belle quand elle est portée par un homme de Dieu. Par ailleurs, il serait malhonnête de nous attaquer, uniquement à la jeunesse. Beaucoup de nos « guides religieux » se servent aujourd’hui de la croyance de la masse pour ne pas travailler et de compter uniquement sur les dons (hadiyya) de leur disciple, ce qui va à l’encontre de l’éthique de la Voie. D’ailleurs, Elhadji Malick Sy « n’acceptait jamais de dons sous quelques noms que ce soit, à fortiori sous l’appellation de hadiyya[2] ». Sur la question des rapports maître-disciple, Elhadji Malick Sy s’adressait aux marabouts en chantant :
Ne leur demande rien : peu ou beaucoup. Ô compagnon !
A moins qu’ils veuillent par assentiment, offrir quelque chose
Ceci est alors propre et licite[3].
Qu’Allah vous bénisse,
Seydi Diamil NIANE
[1] Elhadji Ravane Mbaye , Le grand savant Elhadji Malick Sy ; pensée et action, Albouraq, 2003 , p.132.
[2] Ibid., p.222.
[3] Ibid., p.310.
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