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Archiver pour août 2016


Posté le 8 août 2016 - par Seydi Diamil

Seigneur, pardonne à la France blanche / Seydi Diamil Niane

Seigneur, pardonne à la France blanche / Seydi Diamil Niane

 

Parfois, je me demande ce que j’ai fait pour mériter tout cet acharnement. Qu’ai-je fait pour que cette France, sous prétexte d’une mission soi-disant civilisatrice, ait déshumanisé mes pères et humilié mes frères pendant des siècles ?  Pourtant, je ne suis pas tombé dans une paranoïa francophobe malgré ma longue histoire avec elle. Parce que oui : bien qu’elle soit indéfendable, bien qu’il m’arrive beaucoup de fois de lui en vouloir et d’avoir la tentation de la maudire,  cette France fait partie de mon histoire. Même si, je me dois de l’avouer, mon passé avec elle n’est pas encore entièrement digéré !

Lorsque je dis que je n’ai rien à voir avec les assassins de ses enfants, elle me traite de complicité. Et quand je m’exprime, elle me taxe d’hypocrisie. Lorsque je tente d’expliquer, elle me réplique « qu’expliquer, c’est déjà vouloir excuser. »

Cette France m’a arraché mes ancêtres et n’est pourtant pas contente. Puis je lui ai laissé occuper mes terres. Actuellement, une bonne partie de mon patrimoine se trouve dans ses musés, aussi m’a-t-elle volé mon passé. Et elle n’est toujours pas satisfaite. Je milite quotidiennement pour sa cohésion nationale et pour ne pas l’abandonner aux assassins de l’aube. Mais la France est toujours insatisfaite. Je lui dis que ma religion n’est en rien une menace pour elle. Pourtant, elle me demande de la réformer comme si elle ne savait pas que la religion n’est pas qu’une question de pratiques ; qu’elle est aussi une question de foi et que la foi ne se réforme pas. Quand je lui explique tout ça, cette France reste sourde.

Je lui ai montré ma carte d’identité, lui ai fait part de mon parcours, de mon amour et mes engagements, mais elle me dit qu’elle « est judéo-chrétienne et de race blanche. »Aussi éternise-t-elle en moi un sentiment de culpabilité. Je lui ai tendu une main. Quant à elle, elle me parle d’assimilation comme si elle ignorait que mon africanité et ma sénégaléité n’étaient pas négociables, et que je mourrais libre au-lieu de renoncer à la culture qui m’a été amoureusement transmise par mon père et ma mère.

Elle veut limiter l’immigration sans se soucier des causes même de l’émigration. Elle dénonce l’émigration économique et me prend pour traitre quand je dénonce son colonialisme monétaire qui empêche le développement d’une bonne partie de l’Afrique. Je lui ai dit que quatorze pays africains utilisent encore le Franc CFA que leur avait imposé le pouvoir colonialiste[1]. Je lui ai dit que ces 14 pays sont obligés par elle , à travers le pacte colonial , de mettre 50% de leur réserve à la banque centrale de France sous le contrôle du ministère des finances français[2]. Quand je lui rappelle que cela fait des millions, voire des milliards d’euros qui ne lui appartiennent pas, elle crie au blasphème.

Pour me réconforter, je vais prier pour cette France. Seigneur pardonne à la France blanche. Ou comme le disait un des poètes de la négritude, « Seigneur, Dieu, pardonne à l’Europe blanche. »

Oui, cette Europe et cette France ont besoin d’invocations… Quand cette même Europe qui a déshumanisé mes pères, et cette même France qui a humilié mes ancêtres et empêchent le développement de ma terre natale essayent de faire naître chez moi un sentiment de culpabilité à cause de ceux qui tuent au nom de ma religion, je ne peux que m’associer à Senghor pour leur adresser mes prières.

«… Seigneur Dieu, pardonne à l’Europe blanche !
Et il est vrai, Seigneur, que pendant quatre siècles de lumières elle a jeté la bave et les abois de ses molosses sur mes terres
Et les chrétiens, abjurant Ta lumière et la mansuétude de Ton cœur
Ont éclairé leurs bivouacs avec mes parchemins, torturé mes talibés, déporté mes docteurs et mes maîtres-de-science.…/…
Seigneur, pardonne à ceux qui ont fait des Askia des maquisards, de mes princes des adjudants
De mes domestiques des boys et de mes paysans des salariés, de mon peuple un peuple de prolétaires.
Car il faut bien que Tu pardonnes ceux qui ont donné la chasse à mes enfants comme à des éléphants sauvages.
Et ils les ont dressés à coups de chicotte, et ils ont fait d’eux les mains noires de ceux dont les mains étaient blanches.
Car il faut bien que Tu oublies ceux qui ont exporté dix millions de mes fils dans les maladreries de leurs navires
Qui en ont supprimé deux cents millions.
Et ils m’ont fait une vieillesse solitaire parmi la forêt de mes nuits et la savane de mes jours.
Seigneur la glace de mes yeux s’embue
Et voilà que le serpent de la haine lève la tête dans mon cœur, ce serpent que j’avais cru mort…

Tue-le Seigneur, car il me faut poursuivre mon chemin, et je veux prier singulièrement pour la France.
Seigneur, parmi les nations blanches, place la France à la droite du Père.
Oh ! je sais bien qu’elle aussi est l’Europe, qu’elle m’a ravi mes enfants comme un brigand du Nord des bœufs, pour engraisser ses terres à cannes et coton, car la sueur nègre est fumier.…/…
Oui Seigneur, pardonne à la France qui dit bien la voie droite et chemine par les sentiers obliques
Qui m’invite à sa table et me dit d’apporter mon pain, qui me donne de la main droite et de la main gauche enlève la moitié.
Oui Seigneur, pardonne à la France qui hait les occupants et m’impose l’occupation si gravement
Qui ouvre des voies triomphales aux héros et traite ses Sénégalais en mercenaires, faisant d’eux les dogues noirs de l’Empire
Qui est la République et livre les pays aux Grands-Concessionnaires
Et de ma Mésopotamie, de mon Congo, ils ont fait un grand cimetière sous le soleil blanc.

Ah ! Seigneur, éloigne de ma mémoire la France qui n’est pas la France, ce masque de petitesse et de haine sur le visage de la France
Ce masque de petitesse et de haine pour qui je n’ai que haine — mais je peux bien haïr le Mal.
Car j’ai une grande faiblesse pour la France.
Bénis ce peuple garrotté qui par deux fois sut libérer ses mains et osa proclamer l’avènement des pauvres à la royauté
Qui fit des esclaves du jour des hommes libres égaux fraternels
Bénis ce peuple qui m’a apporté Ta Bonne Nouvelle, Seigneur, et ouvert mes paupières lourdes à la lumière de la foi.…/…
Je sais que nombre de Tes missionnaires ont béni les armes de la violence et pactisé avec l’or des banquiers
Mais il faut qu’il y ait des traîtres et des imbéciles… »

Cette France blanche, tu la connais. « Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère »


[1] Franc CFA voulait dire franc des colonies françaises d’Afrique. Entre 1958 et la décolonisation, il est devenu Franc des communautés françaises d’Afrique. Actuellement, il signifie le Franc de la communauté financière africaine.

[2] (pour plus de précisions : http://www.mondialisation.ca/le-saviez-vous-14-pays-africains-contraints-par-la-france-a-payer-limpot-colonial-pour-les-avantages-de-lesclavage-et-de-la-colonisation/5369840; ou encore https://fr.wikipedia.org/wiki/Franc_CFA. )


Posté le 3 août 2016 - par Seydi Diamil

Le monde musulman a besoin d’un Voltaire/ Seydi Diamil Niane

Le monde musulman a besoin d’un Voltaire/ Seydi Diamil Niane

C’est dans ces circonstances où des hommes prétendent pénétrer le désir politique de Dieu et massacrent des êtres humains à causes des paragraphes, qu’on n’a besoin d’un Voltaire musulman pour produire un nouveau Traité sur la Tolérance. Ce traité sur la tolérance aura pour seul but la réhabilitation de l’homme, vicaire de Dieu sur terre et réceptacle du souffle divin.

Le monde musulman a besoin d’un Voltaire pour réhabiliter la raison et mettre l’homme au centre même de nos préoccupations ; un Voltaire qui dira, sans aucune peur de se faire excommunier, qu’un dieu qui a besoin de massacrer sa créature pour exister est un dieu faible. Ce Voltaire expliquera aux fanatiques que l’Omnipotent pour Lequel des millions de musulmans se prosternent matins et soirs n’est pas ce dieu pervers auquel ils font allégeance. Il leur dira : « ne cherchez point à gêner les cœurs, et tous les cœurs seront à vous.[1] » Il leur dira, plus la religion musulmane est divine, « moins il appartient à l’homme de la commander ; si Dieu l’a faite, Dieu la soutiendra sans vous.[2] » Ce Voltaire leur murmurera que «  Si la persécution contre ceux avec qui nous disputons était une action sainte, il faut avouer que celui qui aura tué le plus d’hérétiques serait le plus grand saint du Paradis. [3]» Il leur rappellera aussi que « la religion est instituée pour nous rendre heureux dans cette vie et dans l’autre.[4] »

Je rêve de ce Voltaire qui expliquera à mes coreligionnaires que nul n’est pire que celui qui pense adorer Dieu en allant à l’encontre de Sa Volonté. « Point de contrainte en matière de religion », dit le Coran. Toute tentative d’imposer la foi par la force est une hérésie. Ce Voltaire leur récitera le verset suivant : « Si Allah avait voulu, Il aurait certes fait de vous une seule communauté. Mais Il laisse s’égarer qui Il veut et guide qui Il veut. Et vous serez certes, interrogés sur ce que vous faisiez. » Il leur rappellera cet autre verset : « Tu (Muhammad) ne guides pas celui que tu aimes : mais c’est Allah qui guide qui Il veut.» Ou encore « Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour la religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables. »

Ce Voltaire aurait rappelé à mes coreligionnaires qu’il y a certes des versets qui légitiment la violence. Mais dans une seule et unique situation : lorsque nous sommes attaqués. Pour preuve, il leur aurait cité le verset suivant :  « Combattez dans le sentier d’Allahceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes, Allah n’aime pas les transgresseurs! Et tuez-les, où que vous les rencontriez; et chassez-les d’où ils vous ont chassés: la corruption est plus grave que le meurtre. Mais ne les combattez pas près de la Mosquée sacrée avant qu’ils ne vous y aient combattus. S’ils vous y combattent, tuez-les donc. Telle est la rétribution des mécréants. S’ils cessent, Allah est, certes, Pardonneur et Miséricordieux. » Il leur dira que le verset débute par « Combattez dans le sentier d’Allahceux qui vous combattent » et que toute transgression est prohibée. Il leur dira, conformément au  texte coranique, mais aussi au droit international, que la légitime défense est un droit fondamental. Mais il aura l’audace de dire à mes coreligionnaires que dans une démocratie seule l’État a le monopole de la violence.

Ce Voltaire dira à  tous les Michel Onfray qui s’autoproclament spécialistes de l’islam, qu’on ne peut pas prendre des versets, les sortir de leurs contextes et sans les lire dans la globalité du message coranique. À peu près, le Coran compte 6300 versets dont environs 200 normatifs. Parmi ces 200 versets, certains parlent des transactions humaines, d’autres du statut personnel et quelques-uns, de la violence. Mais il serait malhonnête, leur dira Voltaire,  d’extraire la partie « violente » des versets normatifs de l’ensemble des 6300 versets du Coran. Il leur montrera qu’il faut une approche holistique du Coran pour ne pas tomber dans des dérives extrémistes ou dans la bassesse intellectuelle.

Il dira aussi à mes coreligionnaires que le Coran n’est pas un code juridique; qu’on ne peut pas appliquer une loi prétendue céleste sur les enfants de la terre qui ne se réfèrent pas au même Dieu et ne se dirigent pas vers la même qibla.

Ce Voltaire œuvrera pour une lecture plus humaniste des textes. Pour ce faire, il leur citera le verset suivant : « Lorsque Je l’aurai façonné et que J’y aurai insufflé de Mon esprit, alors prosternez-vous devant lui. » Ce verset coranique parlait d’Adam et s’adressait aux anges. Par conséquent, chaque descendant d’Adam est dépositaire d’une parcelle de l’esprit de Dieu. Il leur dira que rien ne peut justifier le mépris d’un réceptacle contant une parcelle de l’esprit divin.

Je rêve de ce Voltaire parce qu’il serait faut de dire que la violence perpétuée quotidiennement au nom de l’islam n’a rien à voir avec une certaine conception de la religion de Muhammad (PSL). Dans une de ses lettres, Ibn ‘Abd al-Wahhab, le fondateur du wahhabisme, ne disait-il pas que « celui qui ne répond pas à la prédication par la preuve, nous le faisons plier par l’épée ?[5] » Mais prudence, le wahhabisme ne représente pas l’islam. Cependant, il en fait partie.

Je rêve de ce Voltaire qui criera partout où il y a une tentative d’asservissement de l’homme par l’homme au non de Dieu que « le droit de l’intolérance est donc absurde et barbare : c’est le droit des tigres, et il est bien horrible, car les tigres ne déchirent que pour manger, et nous nous sommes exterminés pour des paragraphes.[6] »

Le Voltaire islamique chantera partout les poèmes d’amour d’Ibn ‘Arabī pour répondre à la haine de ceux qui tuent au nom du Dieu que priait ce même Ibn ‘Arabī. Il répondra aux prophètes du malheur par la poésie :

« Mon cœur est devenu capable de prendre toutes les formes
Il est un pâturage pour les gazelles,
un couvent pour les moines,
un temple pour les idoles,
la Kaaba pour le pèlerin.
Il est les tables de la Torah et le Livre du Coran.
Je professe la religion de l’Amour
où que se dirigent ses caravanes.
Car l’Amour est ma religion et ma foi
 »

Quant à moi, je m’associe à Amadou Hampaté Bâ et fais l’appel suivant : « Mes frères et sœurs, apprenons à nous aimer mutuellement et à nous entraider constamment, afin que l’Amour nous mette sur le chemin de la Charité qui mène à la Vérité.[7]»


[1] Voltaire, Traité sur la Tolérance, Gallimard, 2016, p.32.

[2]Ibid., p.65.

[3]Ibid., p.69.

[4]Ibid., p.108.

[5] Hamadi Redissi, Le pacte de Nadjd : Ou comment l’islam sectaire est devenu l’islam, Paris Seuil,  2007, p.94 ; pour plus de précision sur le lien étroit entre le Wahhabisme et le terrorisme je renvoie à la thèse doctorale de Abdoul Aziz Gaye, Le wahhabisme belliqueux dans le texte. De l’influence d’Ibn Taymiyya à sa fondation dans le premier État sa‘udien, sa consolidation dans les États successifs et son adoption contemporaine par le mouvement d’al-Qâ‘ida, sous la direction de Charles GENEQUAND et Maroun AOUAD.

[6] Voltaire, op.cit., p.41.

[7] Amadou Hampâté Bà, Jésus vu par un musulman, Stock, 2000 (reéd), p.59.



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