Posté le 14 avril 2017 - par Seydi Diamil
Quand le salafiste Ahmed Lô fait dire à cheikh Ahmed Tijânî ce qu’il n’a jamais dit. Premier épisode.
On le savait depuis longtemps, le mensonge est béni chez les salafistes. Surtout lorsque le but est d’excommunier les soufis. Au Sénégal, depuis des années, un certain Ahmed Lô, le gourou des salafistes du pays, prêche sa haine des confréries de manière générale et la Tijâniyya de façon plus particulière.
La haine rend aveugle. Nous le savons. Mais ce barbu qui prétend servir Dieu en s’appuyant sur le Coran et la sunna, ne trouve pas gênant d’inventer de toute pièce des propos mensongers et de les attribuer au fondateur de la Tijāniyya, que son précieux secret soit sanctifié.
S’appuyant sur une lettre de cheikh Ahmed Tijānī, sur laquelle nous reviendrons, Ahmed Lô souligne que ce que les adeptes de la Tijāniyya appellent la Dā’ira al-faḍliyya fait partie des doctrines qui autoriseraient les praticiens de la voie de s’éloigner des commandements de Dieu. Concernant la Dā’ira al-faḍliyya, l’auteur wahhabite affirme que :
« Elle consiste à rendre licite pour les tijānis tout ce qui est illicite, tout en leur garantissant le salut éternel dans l’au-delà. Dans ce sens, continue Aḥmed Lô, al-Tijānī dit : ‘‘sache que Dieu a un cercle (dā’ira) qu’on appelle al-Dā’ira al-faḍliyya. Il est protégé au-delà des autres cercles en charge des ordres, interdits, et des récompenses, en bien et en mal […] ces cercles sont ceux de la masse des créatures (‘umūm al-ḫalḫ). Quant à la Dā’ira al-faḍliyya, c’est celui que Dieu a particulièrement choisi et dont il pourrait faire bénéficier qui il veut parmi sa créature […] peu importe que la personne qui y pénètre respecte ses engagements ou non, peu importe aussi qu’elle suive la voie droite ou non. En effet, toute personne qui bénéficie de la Dā’ira al-faḍliyya bénéficiera du salut éternel le jour du Jugement sans crainte ou difficulté.[1] »
En commentaire, Aḥmed Lô décrète que, pour le fondateur de la Tijāniyya,
«… Les ordres et interdits divins sont pour la masse des croyants. Quant à l’élite, elle a la Dā’ira al-faḍliyya ; Quiconque pénètre ce cercle, qui ne fait pas partie de la šarī‘a, bénéficiera du salut éternel ;
Le plus étrange dans tout cela, commente encore M. Lô, c’est que le cheikh s’adressait, dans cette lettre, à un gouverneur. De ses propos, il apparaît même que ledit gouverneur était un injuste (jā’ir) et qui commettait beaucoup d’injustice (kaṯīr al-ẓulm). C’est la raison pour laquelle il lui disait dans cette lettre : ‘‘… jusqu’à ce que tous tes péchés soient entièrement effacés et que toutes tes bonnes actions soient acceptées, peu importe ton état. Et méfie-toi de penser cela impossible, parce que Dieu a un cercle qu’on appelle al-Dā’ira al-faḍliyya… [2]»
Pour vous prouver que ce salafiste ne craint pas Dieu et que ce qu’il dit dans son livre est pur mensonge, nous reproduisons ici la lettre de cheikh Ahmed Tijānī à laquelle il fait allusion. Nous nous servons de la traduction de Dr Ravane Mbaye :
« […] De la part de celui qui l’a écrite, le serviteur et le pauvre à l’égard de Dieu, Ahmad Ibn Mahammad at-Tijânî. :
Or donc, nous prions Dieu […] pour qu’Il fasse de vous, en ce monde et dans l’autre, l’un des meilleurs de notre communauté, un d’entre ceux vers qui Il dirige Son regard de bienveillance et d’action, d’amour accompli et de grâce pure et particulière, pour que vos péchés soient absous et vos bienfaits acceptés quel que soit l’état qui est le vôtre. Dieu fasse que vous ne considériez cela comme étant impossible à réaliser, car Dieu –Qu’Il soit glorifié et exalté- possède au centre de ses grâces, un trésor qu’Il garde au-delà des limites des domaines du commandement et de l’interdiction, de la sanction positive ou négative, non soumis à des considérations de rapport, de nécessité ou de détermination, ces derniers étant des choses à l’apanage de l’ensemble de ses créatures. Ce centre des grâces est, par contre, celui de ses privilèges et choix électifs […] qu’Il accorde à qui Il veut parmi ses créatures. Ce centre, Il en a fait un flux qui provient de l’océan de Sa générosité et de Sa noblesse. Flux qui ne s’interrompt pas pour une quelconque raison selon Sa Volonté particulière, sans que soit tenu compte de ce qu’implique celle-ci, ni de ce qu’on a l’habitude de voir, qu’on soit engagé dans le bon chemin ou, déchu par ses péchés, dans le mauvais. On n’y retient pas compte de la personne à qui on donne ni de pour qu’elle raison on lui donne. Quiconque est admis dans ce centre parmi les créatures de Dieu, son bonheur sera parfait dans l’autre monde, aucune peine ou affliction ne s’y mêlant.
Quant à ce à quoi je voudrais vous exhorter, c’est que vous devez être un peu plus attentif à ce que notre Seigneur a dit dans Son livre et qui suffit d’exhortation. Il y a dit, en effet : ‘‘ Ô croyants, craignez Dieu, que chaque âme considère ce qu’elle avance pour demain […]’’. Il a dit aussi : ‘‘Ô croyants, craignez Dieu et ne dites que des paroles décentes […]’’. Et encore : ‘‘ Nous confiâmes à ceux qui reçurent l’Ecriture avant vous, et à vous aussi, de craindre Dieu […]’’
Sache que tu occupes un degré dans lequel on possède des faveurs qui génèrent des bienfaits et des bonnes actions. Quiconque a amassé des richesses doit connaître le cas extrême que constituent la misère et les maux. C’est entre les deux extrêmes que se situe le degré que tu occupes. Sache aussi que Dieu vous observe par le biais de ton cœur. Porte donc sur ces créatures, et sur les indigents et pauvres parmi elles, un regard de compassion. Etends sur elles les ailes de mansuétude. Ne pose sur eux qu’un regard qui ne les voit être qu’une relation à Dieu –Qu’Il soit exalté-. Par ce regard, empresse-toi de satisfaire leurs désirs autant que tu pourras pour l’amour de Dieu. Que ce regard que tu portes sur eux soit celui que tu portes sur Dieu, notre Maître Absolu […] Qu’il soit un regard de sublimation, un regard de compassion, un regard d’exaltation, un regard d’indulgence, qui soit à même de satisfaire leurs besoins, de les protéger comme on protège ses propres enfants […]
Que Dieu nous préserve de ne pas nous soucier de Ses créatures, de refuser de satisfaire leurs besoins, de nous départir du sentiment de compassion et de commisération que nous devons avoir envers elles. Le lot de quiconque tel serait le comportement est, comme on le sait, l’Enfer, eu égard à la Parole de Dieu –Qu’Il soit exalté- relative à celui qui s’était comporté de la même manière : ‘‘Emparez-vous de lui, qu’on l’enchaîne, que l’Enfer en soit la demeure’’ (La vérité, 31-32), jusqu’à : ‘‘car il ne croyait pas en Dieu, le Sublime, et n’exhortait personne à nourrir le pauvre’’ […] Cela te suffit comme exhortation.
Nous prions Dieu de t’accorder réussite, droiture, guidance et rectitude. Il est celui qui en a la charge et le pouvoir ! Que Dieu bénisse et sauve notre maître Muhammad, sa Famille et ses Compagnons ! »
Comme nous pouvons le constater ici, Aḥmed Lô a créé cette doctrine qu’il a attribuée, sans avoir honte, au fondateur de la Tijāniyya. D’ailleurs, il y a quelques années, Cheikh Tijane Gaye, ayant repéré ce mensonge, avait répondu comme suit :
« Cher frère, relis la lettre et tu constateras que :
Il est impossible de mettre dans le même sac « C’est entre les deux extrêmes que se situe le degré que tu occupes. Sache aussi que Dieu vous observe par le biais de ton cœur. Porte donc sur ces créatures, et sur les indigents et pauvres parmi elles, un regard de compassion, » et « pour toi, j’ai rendu licite tout ce qui était interdit tout en te garantissant le salut éternel », comme l’a inventé le perturbateur ;
Il a supprimé de manière volontaire les passages suivants : ‘‘Il accorde à qui Il veut parmi ses créatures’’ ; et « Il en a fait un flux qui provient de l’océan de Sa générosité et de Sa noblesse. Flux qui ne s’interrompt pas pour une quelconque raison selon Sa Volonté particulière’’ ;
Il a coupé la lettre de manière honteuse à son introduction qui se termine par la phrase ‘‘aucune peine ou affliction ne s’y mêlant’’. Pourtant, le fond du texte commence à partir de ‘‘quant à ce à quoi je voudrais vous exhorter, c’est que vous devez être un peu plus attentif à ce que notre Seigneur a dit dans Son livre….’’ ;
La lettre ne contient la moindre allusion à l’idée selon laquelle ce cercle (al-dā’ira) serait exclusivement tijānie au point d’autoriser les adeptes de la Tijāniyya à commettre tous les interdits religieux.
Mais nous savons que Monsieur est malin comme menteur. Il a réuni toutes ses forces pour inventer une Dā’ira faḍliyya qui, tantôt, autoriserait les adeptes de la Tijāniyya de commettre les interdits, tantôt cette permission sera uniquement pour l’élite de la confrérie […]. Il a fait tout cela en se basant uniquement sur sa mauvaise foi et sur ce qu’il copie de son maître, Maïgarī le maudit, celui dont il prend les abominations intellectuelles pour une révélation céleste. [3]»
Pour conclure ce premier numéro d’une série qui battra en brèche tous les mensonges de ces salafistes qui menacent notre pays, je redonne la parole à Cheikh Tijane Gaye : « Je dis : ceci est un pur mensonge. Où est le mot qui laisse entendre, ne serait-ce que de manière allusive, que ce qui est interdit par Dieu aurait été rendu licite pour les adeptes de la Tijāniyya ? [4]»
Seigneur, sois témoin !
Seydi Diamil Niane
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