Posté le 18 janvier 2018 - par Seydi Diamil
Islam et extrémisme violent : lettre à Sokhna Maï Mbacké Diamil / Dr Seydi Diamil Niane
Chère amie, ma Diamil préférée,
Je t’écris au sujet d’un texte que tu as publié sur ta page Facebook il y a quelques jours. Pour être exact, le 14 janvier 2017 à 14h50, tu nous expliquais la chose suivante : « L’extrémisme violent n’est pas l’apanage d’un sexe, d’une race, d’une ethnie, d’une religion ou d’une culture en particulier, contrairement à l’idéologie que la plus grande partie du monde médiatique occidental veut instaurer dans la conscience collective. Il convient cependant d’en répondre avec sérénité car ces questions aggravées par les polémiques et confusions, les amalgames, les passions, les peurs et les violences sont nourris par le cycle infernal des agressions et des ripostes, depuis le 11 septembre 2001, jusqu’aux assassinats en Europe sans oublier les crimes quotidiens dont l’Afrique est le théâtre. Partout, c’est l’Islam qui est pointé du doigt. Cependant, Lorsqu’Anders Behring Breivik assassine soixante-dix-sept personnes le 22 juillet 2011 et le justifie par la défense de la société blanche contre l’invasion musulmane, aucun media ne le présente comme un terroriste chrétien. Par contre, quand Mohamed Merah, Mehdi Nemmouche, Said et Cherif Kouachi ainsi qu’Amedy Coulibaly tuent en série, leurs crimes abominables régissent sur l’Islam. Le terrorisme et ses corollaires sont ainsi des « outils » de taille dans la lutte acharnée contre l’Islam en tant que croyance divine et idéologie temporelle. » Si tu me le permets, très chère, je voudrais te poser les quelques questions suivantes :
1) Tu dis que « L’extrémisme violent n’est pas l’apanage d’un sexe, d’une race, d’une ethnie, d’une religion ou d’une culture en particulier, contrairement à l’idéologie que la plus grande partie du monde médiatique occidental veut instaurer dans la conscience collective ». Pourrais-tu développer un peu plus ? N’es-tu pas en train de relativiser un phénomène indéfendable qui, quoi qu’on puisse dire, a quelque chose à voir avec une certaine conception de l’islam ? Je m’explique. Aucune religion, comme tu le laisses entendre, n’a le monopole de la violence. Cependant, l’honnêteté intellectuelle doit nous faire admettre qu’une très grande production littéraire en contexte islamique peut servir de justification à l’extrémisme violent dont tu parles. Dans une de ses lettres, Ibn ‘Abd al-Wahhab, le fondateur du Wahhabisme, ne disait-il pas que « celui qui ne répond pas à la prédication par la preuve, nous le faisons plier par l’épée [1]» ? L’un des plus éminents savants wahhabites, Rabī‘ al-Madḫalī, n’a pas hésité à dire, en 1999, à l’un des militants du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) que si leur but était de faire triompher la parole divine, Kalimat Allah, ils n’avaient « qu’à aller dans un État européen, que ce soit l’Italie, la France ou l’Espagne. Eux sont des vrais impies. Allez avec votre armée dans un pays impie (kâfir), pêcheur (fâsiq) par l’impiété de son gouvernement et son peuple. Demandez-leur de rentrer dans l’islam […], s’ils acceptent, que la grâce en soit rendue à Dieu. S’ils refusent, demandez-leur de payer la jizya. S’ils refusent encore, alors le jihad devient légal…»[2]. Face à cette justification juridique et religieuse de l’extrémisme violent, pointer du doigt les médias occidentaux au lieu de reconnaître que le problème est aussi islamique n’était-il pas la meilleure chose à faire ? Comme tu le dis, « Partout, c’est l’Islam qui est pointé du doigt ». Peut-être l’islam a aussi une part de responsabilité non ?
2) Je suis d’accord avec toi sur l’instrumentalisation de la lutte contre le terrorisme pour stigmatiser certains musulmans surtout en contexte occidental. Je te rejoins aussi sur le fait que le traitement médiatique des crimes commis par des musulmans diffère du même traitement si le criminel appartient à une autre religion. En revanche, ne penses-tu pas que s’attarder sur le traitement médiatique nous empêche, nous autres musulmans, de prendre nos responsabilités et de faire face à ceux qui, au nom de notre religion, sèment la terreur chez des innocents ?
Dans l’attente de ta réponse, ton frère Seydi Diamil Niane.
Dakar, le 18 janvier 2018
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