Posté le 21 juin 2019 - par Seydi Diamil
#IlsOntMarquéMaVie 1) « Si Maman si »
« Si Maman si »
Comme promis, et ce pour tous les vendredis désormais, je viens vous parler, pour leur rendre hommage, de personnes qui ont marqué ma vie et qui ont été, pour moi, sources de motivation et d’inspiration.
Je commence par le commencement. Ma première source d’inspiration. Maman, la douce et tendre à la beauté parfaite.
Née en 1967 à Ndiang Codé Niane, le village même où, 28 ans plus tard, elle entendra mon premier cri, Khady Niane a perdu ses parents alors qu’elle était assez jeune. C’est sa tante, qui se rendra à Kaïb Dia après son mariage, qui prendra soin d’elle. Jeune, elle a intégré l’école coranique du village. Depuis, le Coran ne l’a jamais abandonnée. Elle ne l’a plus abandonné non plus. La lecture du livre saint de l’islam était sa source de bonheur.
Bonheur, voilà le nom de l’étoile qui fit que, un jour, elle a accepté de partager la vie de papa à qui elle resta fidèle toute sa vie. Tendre, elle était connue pour la facilité qu’était sienne d’être source de solutions pour toutes les personnes qui venaient la solliciter, solliciter son avis et son appui.
Travailleuse, Maman était celle qui s’est vraiment occupée de notre éducation et de notre vie. Papa, comme d’autres de sa génération, vivait plus en France en tant qu’émigré. On le voyait assez peu.
Maman s’occupait du foyer mais aussi de l’aspect financier de notre existence. Elle gérait la quincaillerie Seydi Djamil, nom de notre boutique qui se situe au marché de Louga. Elle était l’unique et la seule femme du marché à faire ce métier d’hommes. Je me souviens d’ailleurs d’un jour où, un vieil homme, rentrant à la quincaillerie pour acheter du ciment, fit demi tour, dès qu’elle à vu maman, avec des mots qui résonnent encore dans ma tête : « ah, allons chercher ailleurs, c’est une femme qui gère ici ». Féministe sans jamais s’en revendiquer, elle lui rétorqua avec son magnifique sourire : « est-ce une raison de ne pas acheter chez-moi ? » Monsieur est devenu, ensuite, l’un de ses meilleurs clients.
Amoureuse de Serigne Babacar Sy, elle était fidèle à la voie Tijaniyya qu’elle reçut de la part de Serigne Mawdo Dia. Celui-même qui, plus d’une décennie plus tard, m’initia à la noble tariqa.
Elle était prête à sacrifier sa vie pour notre bonheur. Quand on lui amenait de bonnes notes, elle dépensait tout pour nous gâter. C’est là que j’ai compris que notre réussite était sa seule raison de vivre.
Hélas, l’ange de la mort ne lui a pas laissé le temps de nous voir grandis. Un samedi d’octobre 2015 a sonné la fin du match. Je venais de m’inscrire en thèse. Ma sœur venait tout juste de trouver un travail. C’était le lendemain de la achoura. Comme habituée, elle assista à la prière récitée à cette occasion, fit le tour du quartier pour « demander pardon à ses voisins » (c’est une tradition). Deux heures plus tard, elle s’envola suite à une crise cardiaque. La dernière fois qu’on a discuté, elle me parlait de mariage. Je suis fier et heureux d’avoir épousé la fille dont elle rêvait. Celle qu’elle aimait, sans jamais me le dire.
Ce jour là, « mon cœur a déménagé », comme le dirait France Gall
Marseille, le 21 juin 2019
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